Charles PILETTE: AUX ORIGINES DES ALLERGIES RESPIRATOIRES : LA PISTE ÉPITHÉLIALE

La rhinite et l’asthme allergique sont liés à une réponse anormale à certains agents de l’environnement appelés allergènes, identifiés depuis plus d’un siècle. La cascade immunologique sous-jacente a progressivement été décryptée avec l’identification des anticorps IgE, du rôle des lymphocytes T (surtout Th2), des cellules dendritiques (DCs), et plus récemment des interactions entre ces dernières et l’épithélium respiratoire. Dans une première étude de patients avec rhinite allergique, nous avons observé que leurs DCs de type myéloïde (mDCs) étaient recrutées précocement sur le site d’exposition à l’allergène et instruisaient la différentiation de lymphocytes T naïfs en cellules Th2 et Th17. Dans deux études ultérieures, ce phénotype biaisé, « proTh2 » des mDCs allergiques était associé à plusieurs anomalies fonctionnelles incluant une production réduite d’IL-10 et d’IL-12, une expression diminuée d’ICOS-ligand (une molécule de co-stimulation tolérogène), ainsi qu’une sur-expression du récepteur au TSLP induisant une réponse accrue des mDCs à cette cytokine épithéliale pro-allergique en termes de polarisation Th2 ainsi que Th9. Dans une étude de patients avec asthme allergique (d’origine professionnelle, afin d’étudier les mécanismes de rémission après éviction de l’allergène causal), nous avons retrouvé cette signature cytokinique pro-allergique dans les mDCs sanguines et bronchiques des patients avec pathologie persistante, par contraste aux patients en rémission, et cette signature dépendait de l’induction d’une autre molécule de co-stimulation appelée PD-L2/B7-DC. Ces travaux renforcent le concept d’une dérégulation de l’axe épithélio-dendritique à l’origine des allergies respiratoires, et contribuent à l’identification de cibles de biothérapies futures dans l’asthme sévère.
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