Jean-Louis Maigron raconte l’Algérie des années 50

== Comment être pied-noir tout en échappant à la nostalgie coloniale ? #algérie #histoirecoloniale #france #piednoir #limoges L’exposition sur la gastronomie algérienne organisée par le Cercle algérianiste à la bibliothèque francophone multimédia de Limoges avait suscité quelques remous. Suite à la diffusion de la brève de Télé Millevaches mettant en relief la nostalgie coloniale qui s’exprimait à travers l’exposition, nous avions reçu plusieurs messages, dont celui de Jean-Louis Maigron. Né en Algérie en 1946, il fait partie des nombreux pieds-noirs ayant quitté brutalement l’ancienne colonie à la suite des accords d’Évian en 1962. Dans son message, il se dit choqué par l’expression utilisée par les membres du Cercle algérianiste : « en 1830, l’Algérie n’existait pas ». Jean-Louis ne partage ni cet avis ni le reste de ce qui est exprimé par l’association basée à Perpignan. Une structure clairement positionnée à l’extrême-droite, et financée par le maire Louis Aliot (RN), lui-même ancien pied-noir. Dans cette interview, Jean-Louis nous raconte le parcours de sa famille, faisant rejoindre la petite histoire à la grande. Nous revenons d’abord sur le processus de colonisation. Avant l’arrivée des Français, l’Algérie a connu plusieurs dynasties dont le pouvoir était organisé. Ce territoire disposait de villes et d’une agriculture productive. Contrairement à ce qui est affirmé par le Cercle algérianiste, avant 1830, l’Algérie existait bel et bien. Dans une seconde partie, nous entrerons en profondeur sur l’aspect humain de la guerre d’indépendance. « J’ai vu des Algériens abattus qu’on mettait sur le stade, gonflés au soleil... J’ai vu des attentats contre des Européens du village ». Enfin, il nous fera la lecture de quelques extraits des mémoires des maréchaux français ayant conquis l’Algérie en 1830, Thomas R. Bugeot, et Armand L. de Saint Arnaud, dont la cruauté exercée envers les populations conquises est sans appel, effrayante, sanglante. Le travail d’historien amateur que Jean-Louis a personnellement produit sur cette période de sa vie lui a permis de prendre de la hauteur et de ne pas succomber à une nostalgie coloniale qui s’exprime pourtant fortement parmi la communauté des pieds-noirs et leurs descendants. Un ressentiment largement exploité par le Rassemblement National, parti lui-même fondé par le nostalgique assumé de l’Algérie française qu’était Jean-Marie Le Pen. Pour autant, Jean-Louis ne niera pas la blessure et les souffrances qu’ont vécu les pieds-noirs durant leur exil, ainsi que l’immense sentiment de trahison lorsque Charles de Gaulle abandonna finalement l’idée de la colonisation algérienne. « Un énorme gâchis humain », conclura-t-il, les yeux émus.
Back to Top