Gironde. Un an après les incendies, notre reportage à Pyla-sur-mer

Près d’un an après les terribles incendies qui ont ravagé la Gironde, les cinq campings sinistrés se transforment à l’aune de la catastrophe. Comment s’y prépare cette première saison après le drame ? Le 12 juillet 2022, un incendie d’envergure se déclare aux abords du bassin d’Arcachon. Au pied de la fameuse dune du Pyla, et jusqu’aux plages océanes, les flammes ravagent tout sur leur passage. Les 2 000 pompiers mobilisés sur place, exténués par les chaleurs intenses et les fumées toxiques, tentent de limiter en vain la progression des flammes en coupant préventivement les arbres sur les bords de la route qui longe les plages. Au milieu de cette désolation, cinq campings, tous sur la trajectoire des feux, disparaissent sous les yeux horrifiés des campeurs. En seulement dix jours, plus de 6 000 hectares partent en fumée, l’incendie laissant derrière lui troncs calcinés et bâtisses en ruine. « Le feu a pris par les cimes, il s’est propagé d’arbre en arbre à une vitesse folle. Nous pensions vraiment que notre camping serait épargné, mais le 18 au matin, la nature en a décidé autrement », raconte, encore ému, Stéphane Carella, propriétaire du Pyla Camping. Lorsque les flammes s’éteignent enfin, chacun doit se confronter à la réalité. La saison est terminée, irrattrapable. Seule lumière, il n’y a aucune victime humaine à déplorer. Et même si certains campings n’ont pas totalement brûlé – c’est le cas de l’emblématique camping des Flots bleus, dont l’accueil a miraculeusement été épargné –, d’autres n’ont pas eu cette chance. Au camping de la Forêt ou encore à celui du Pyla, tout a été détruit, il ne reste que des débris fondus. Un désastre. « Les amis, les riverains, les passants, les associations, tout le monde était sous le choc et nous avons vu beaucoup de gestes solidaires. Nous avons heureusement évacué tous les campeurs en 45 minutes et avons pu les mettre en sécurité dans le parc des expositions le plus proche », se remémore Franck Couderc, directeur du camping des Flots bleus. Quelques jours plus tard, l’heure du premier constat sur place sonne. Directeurs et propriétaires se rendent dans les décombres de leurs campings et le bilan est lourd. Stéphane Carella l’avoue : « La résilience n’est pas un mot à la mode, mais il a fallu tirer rapidement des enseignements de ces feux et prendre rapidement des décisions. Pour nous, il fallait reconstruire, vite, mieux, sans attendre. » Et d’ajouter : « Maintenant, ça sent le neuf quand on marche entre les emplacements, plus aucun pin debout, c’est une autre ambiance. » Une course contre la montre Le 3 avril, le camping des Flots bleus a rouvert ses portes en « accueil réduit ». Cette nouvelle, bien que réjouissante, cache en réalité une course contre la montre. Tous les établissements touchés doivent lever le rideau vite ou renoncer à travailler en 2023. Le 12 juillet, date anniversaire des incendies et de la fin de leur exploitation, est aussi le jour limite où tout doit être fin prêt, s’ils souhaitent être assurés pour 2023. Et ce, bien que tout n’ait pas été reconstruit. « Les indemnisations tombent au compte-gouttes. Nous avons de la trésorerie d’avance, mais pour payer les factures et la perte d’exploitation, nous espérons que ces fonds ne tarderont plus », s’inquiète le directeur des Flots bleus. Pour son collègue du Pyla Camping, « les Flots bleus nous montrent la voie, et nous ouvrirons partiellement le 1er juillet, mais il s’agit surtout de se remettre la tête dedans. Après des événements pareils, et même si les communes, le département, la région n’ont plus le droit de nous aider financièrement depuis la loi Notre, nous avons eu une mise en lumière de notre territoire. En revanche, si nous n’ouvrons pas cet été et que nous reportons d’un an, puis d’un an encore, nous ne rouvrirons jamais ». Pour Cédric Rocher, directeur du camping Panorama, la situation depuis l’extérieur semble peut-être plus préoccupante. « Je ne veux plus parler du passé, nous allons rouvrir un jour, nous y travaillons, même si c’est compliqué. Dans trois mois nous pourrons peut-être parler du futur », dit-il. Si le risque de récidive au pied de la dune du Pyla est faible, dans la mesure où tout a péri dans les flammes, les incendies de 2022 appellent surtout à réfléchir sur les moyens à mettre en œuvre pour limiter les départs de feu. Abonnez-vous à l’Humanité 👉 📣 SUIVEZ L’HUMANITÉ ! Retrouvez tous nos articles sur 👉 Notre page Facebook 👉 L’Humanité est aussi sur Twitter 👉
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