Croix de fer (Cross of Iron) est un film anglo-germano-yougoslave réalisé par Sam Peckinpah sorti en 1977, avec notamment James Coburn, James Mason, Maximilian Schell, et David Warner. Comme dans la plupart des films de Peckinpah, l’action à l’écran comporte bon nombre de scènes de combat très réalistes, utilisant notamment les scènes de fusillades filmées au ralenti qui lui sont chères.
Le film est basé sur le livre La Peau des hommes (Das geduldige Fleisch) de Willi Heinrich (en) publié en 1956. L’ouvrage se baserait partiellement sur l’histoire vraie de Johann Schwerdfeger, sous-officier allemand qui - fin 2014 - fêtait son 100e anniversaire, alors que la plupart des acteurs du film étaient décédés. Des rééditions plus récentes ont pour titre Croix de fer pour faciliter le rapprochement avec le film.
En 1943 sur le front russe, pendant la Seconde Guerre mondiale, lors de la retraite de la péninsule de Kouban. L’histoire raconte le conflit entre un officier allemand, d’ascendance prussienne, fraîchement débarqué et convoitant la croix de fer, et un chef de section aguerri, cynique mais compatissant et apprécié de ses hommes. L’histoire se déroule plus spécifiquement peu après la bataille de Stalingrad, lors de la retraite allemande de la péninsule du Kouban vers la Crimée.
Contrairement à bon nombre de productions américaines, Croix de fer n’est pas un film patriotique, mais tente de clarifier comment, du point de vue allemand, des personnages radicalement différents ne se battent plus « pour le Führer, le peuple et la patrie » et tentent simplement de survivre à la guerre. Dans Croix de fer la guerre est filmée de manière on ne peut plus crue : les combats d’infanterie et les tirs d’artillerie sont extrêmement réalistes, avec des ralentis qui permettent de voir les effets des armes et explosions, les corps atteints par les balles et les éclats d’obus. Les soldats sont tous nerveusement éprouvés : pendant la scène de l’anniversaire, Wierden craque et insulte ses camarades du peloton. Plus tard, Krüger resté pendant trois heures seul sous les tirs d’artillerie, pleure et implore Steiner de ne plus jamais le laisser seul. Les exactions commises sur le front est par les troupes allemandes sont esquissées dans deux scènes : celle où Stransky ordonne à Steiner de tuer le jeune prisonnier soviétique (évocation des exécutions sommaires) et celle où le peloton trouve des femmes de l’Armée Rouge (évocation des viols).
Ce film possède de plus la particularité d’utiliser un armement très réaliste, ce qui est rarissime. Notons notamment la présence d’authentiques chars soviétiques T-34 (mais d’un modèle postérieur à l’année 1943, le T-34/85), habituellement remplacés dans les films de guerre par des Sherman ou des chars plus récents. Les armes portatives sont également bien représentées, notamment le MP40 allemand et le PPSh-41 soviétique, que le sergent Steiner utilise. On notera toutefois l’utilisation d’Halftrack M3 américains en lieu et place des . 251 allemands. On peut aussi noter l’utilisation de caméra à l’épaule durant des scènes de combat, qui apporte un style documentaire non vu depuis Docteur Folamour de Kubrick ou Attaque de Aldrich.
Film de Peckinpah oblige, le film joue sur la mélancolie, mais aussi sur la lassitude d’une époque perdue (le générique de fin avec sa citation apocalyptique et ses photos d’archives sur la déportation et les génocides perpétrés depuis en est le parfait exemple, diaporama défilant sur le fond musical mêlant Hänschen klein et une variation de la Horst-Wessel-Lied), Peckinpah nous livre ici un de ses films les plus forts et un des films de guerre les plus modernes, d’un réalisme technique étonnant et d’une violence inattendue pour l’époque, mais aussi d’une émotion peu connue dans le cinéma de guerre - scène des femmes russes, de l’anniversaire et de l’hôpital des blessés de guerre, avec ce dialogue très expressif :
Eva : « Tu devais retourner chez toi ? »
Steiner : « Chez moi, je n’ai plus de chez moi. Le monde n’est plus pour nous, comment pourrions-nous vivre après ce que nous avons fait. »
En outre, le thème de la responsabilité des survivants est incarné par l’adjoint du colonel Brandt, le capitaine Kiesel, artiste, dont l’Allemagne aura besoin, « si elle survit ».
Enfin, on peut tout de même noter une forme assez claire d’anarcho-individualisme chez le personnage de Steiner (haine de la hiérarchie et du nazisme, insubordination, voire -et paradoxalement- pacifisme).
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