Adeptes, de l’emprise à la déprise | La vie en face | ARTE

En matière de dérives sectaires, comment sort-on de l’emprise ? Entre vertigineuse solitude et renaissance, les bouleversants récits croisés de victimes qui témoignent de la descente aux enfers et de la lutte pour s’arracher à la sujétion.   Nicolas est né au sein d’une famille de Témoins de Jéhovah. Retraçant son conditionnement, il raconte ses terreurs enfantines nourries par les mises en garde contre le “monstre Satan“ et ses démons, sa différence moquée à l’école et sa descente aux enfers à l’adolescence, avant l’arrachement familial à 22 ans puis la lente reconstruction. Abusée, comme Yohann, par les valeurs vaguement humanistes de l’Université de la nature et de l’écologie de la relation lors d’un stage au Maroc, Julie, elle, s’est laissé embarquer pendant six ans dans un funeste engrenage. Lequel l’a conduite jusqu’en prison, début de sa déprise. Pour David et François, tout a commencé par de banales séances de kung-fu au parc de La Villette, avant la dérive au sein des Guerriers de lumière une décennie durant. Tous racontent, émotion encore à fleur de peau, les étapes de l’emprise et les mécanismes de la manipulation, qui les ont plongés au cœur noir de ces mondes parallèles. Comment, dès lors, ces victimes ont-elles réussi à s’échapper pour se réapproprier leur vie ? “Sortir de l’emprise, c’est accepter de faire table rase, de tout détruire…“ Main tendue de l’entourage, dessillement du regard et rupture parfois appuyée par de salvatrices procédures judiciaires : se défaire de la sujétion psychologique relève d’un long et douloureux processus. “La déprise, insiste David, c’est ultraviolent. Tu es seul.“  Sortie des ténèbres  Retraçant leur parcours avec une touchante lucidité, ces anciens adeptes, qui se sont pour certains égarés à trop vouloir sauver l’humanité, ont fait preuve de ressources intérieures et d’une remarquable force de vie pour briser leurs chaînes. Mais s’ils n’occultent rien de l’aveuglement et des épreuves traversés, leur sortie des ténèbres se révèle aussi porteuse d’espoir. Entrelaçant le récit de leur expérience et des séances en immersion à la Caimades (Cellule d’assistance et d’intervention en matière de dérives sectaires) auprès de professionnels et de policiers à l’écoute, Karine Dusfour, évitant l’écueil du fait divers lié au sujet, interroge aussi les dimensions politiques et sociétales de la déprise, dont l’accompagnement pâtit d’un cruel manque de moyens, en esquissant des voies pour lutter contre ce fléau, qui peut frapper tout un chacun. Documentaire de Karine Dusfour (France, 2023, 52mn) Disponible jusqu’au 06/12/2023 Abonnez-vous à la chaîne ARTE Suivez-nous sur les réseaux ! Facebook : Twitter : Instagram :
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