Jacques Sapir
Le discours a eu lieu dans le cadre de la session LXIV du séminaire russo-français sur les problèmes monétaires et financiers des Russes modernes, qui s’est tenue du 3 au 5 juillet 2023. En savoir plus :
Le séminaire russo-français sur les problèmes monétaires et financiers de l’économie de transition en Russie a été fondé en 1991 par le Centre d’Études des Modes d’Industrialisation (Centre d’Études des Modes d’Industrialisation, Paris, France) et l’Institut de Prévision Économique de l’Académie des Sciences de Russie (Russie, Moscou).
Nous publions des présentations afin de diffuser les connaissances scientifiques.
00:00:00 Introduction
00:01:14 La récession en Europe en 2023 et la résilience de la France
00:14:13 Pourquoi l’économie française croît-elle quand même ?
00:26:21 Comment traiter cette croissance à long terme ?
00:37:26 Conclusions
Discussion
00:40:04 Comment se portent les économies des pays de la zone euro et des pays hors zone euro ?
00:42:38 Un changement de politique économique est-il possible en France ?
00:49:10 Qu’est-ce qui est le plus important en France : construire de nouvelles choses ou maintenir les anciennes ?
00:53:06 Orateur : A.A. Shirov
01:05:47 Qu’en est-il de la planification indicative en France ?
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La situation économique dans l’UE et dans la Zone Euro
1. L’économie de la zone euro a fait preuve d’une résistance remarquable face au plus grand choc des termes de l’échange depuis plusieurs décennies, grâce à une réponse politique vigoureuse.
• • • Importantes dépenses publiques pour faire face au choc des prix de l’énergie, dépenses qui, sur l’hiver 2022-2023 ont été supérieures aux dépenses de la crise COVID
• • • Mise en place d’éléments de politique industrielles sur la question de l’énergie, mais qui font ressortir les divergences entre l’Allemagne et la France
2. Mais, l’activité économique s’est affaiblie et l’inflation, bien qu’en baisse progressive, reste élevée. L’UE est aujourd’hui en récession.
3. Le resserrement de la politique monétaire par la BCE risque d’aggraver le choc énergétique.
• La « crise énergétique » annoncée à la fin de l’automne 2022 a été partiellement évitée.
• • • a. Du fait d’un hiver plus doux que d’habitude
• • • b. Du fait de dépenses publiques considérables engageant entre le 1er novembre 2022 et le 1er février 2023 près de 780 milliards d’Euros (contre 750 prévus lors de la crise liée à la COVID-19)
• • • c. Mais les perspectives pour l’hiver 2023-2024 restent mauvaises.
• Les dépenses publiques n’ont pas été dépensées de manière équivalente par les différents pays (graphique 1)
• Enfin, la hausse des coûts a eu des effets importants sur les entreprises et les ménages en dépit des mesures d’aides entrainant:
• • • a. Une stagnation ou une baisse de la consommation en raison de la baisse importante du pouvoir d’achat.
• • • b. Une montée des coûts, aggravée par la structure du marché européen de l’énergie, dans l’industrie, tant par effet direct qu’indirect, qui pénalise lourdement les économies les plus industrialisées (Allemagne) et qui menace la croissance future en encourageant les délocalisations.
• Les principaux agrégats du PIB et estimations de l’emploi pour le premier trimestre 2023 montrent que la situation s’est néanmoins dégradée depuis le début de l’année:
• • • PIB en baisse de 0,1% et emploi en hausse de 0,6% dans la zone euro, ce qui implique une baisse de la productivité du travail.
• • • Dans l’UE, PIB en hausse de 0,1% et emploi en hausse de 0,5%
• Au premier trimestre 2023, le PIB corrigé des variations saisonnières a diminué de 0,1% dans la zone euro et augmenté de 0,1% dans l’UE, par rapport au trimestre précédent, selon une estimation publiée par Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne.
• Au quatrième trimestre 2022, le PIB avait diminué de 0,1% dans la zone euro et de 0,2% dans l’UE.
• Par rapport au même trimestre de l’année précédente, le PIB corrigé des variations saisonnières a augmenté de 1,0% tant dans la zone euro que dans l’UE au premier trimestre 2023, après 1,8% dans la zone euro et 1,7% dans l’UE au trimestre précédent.
• On voit bien, en analysant les statistiques que l’effet de ralentissement concerne avant tout les pays du « noyau originel » mais aussi les pays de l’Europe du Nord.
• Le freinage de la croissance est particulièrement important pour le cas de l’Allemagne, en dépit d’un soutien important à son industrie (graphique 1) ce qui témoigne de l’impact de la hausse des coûts de l’énergie sur l’économie allemande.
• De fait, la dynamique de croissance de l’Allemagne semble cassée, et l’impact de la hausse des prix de l’énergie est largement apparente.
Mais l’ensemble des pays de l’UE ont tendance à montrer une même dynamique.
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