Affaire Duhamel : “tout le monde savait“ - Reportage #cdanslair
Depuis les révélations de Camille Kouchner, l’onde de choc de l’affaire Duhamel n’en finit pas de faire des remous. Dans La familia grande, paru le 7 janvier dernier, l’avocate et fille de Bernard Kouchner raconte les abus sexuels subis par son frère jumeau alors âgé de 13 ans. Des viols qui auraient été commis durant plusieurs années à la fin des années 1980 par leur beau-père de l’époque, le célèbre politologue Olivier Duhamel. Au-delà du récit d’un inceste, la juriste tente de déconstruire les mécanismes de la loi du silence qui ont prédominé pendant des années. Une omerta, nourrie par leur mère, Evelyne Pisier, qui a refusé de les soutenir elle et son frère, et par le principal protagoniste de l’affaire, Olivier Duhamel lui-même qui a été brisé aujourd’hui. “Mon livre raconte à quel point beaucoup de gens étaient au courant“, a assuré Camille Kouchner dans un entretien à L’Obs. “Bien sûr, j’ai pensé que mon livre pouvait paraître obscène à cause de la notoriété de ma famille. Puis je me suis dit : c’est justement pour ça qu’il faut le faire“.
Depuis les faits relatés, trente années se sont écoulées, donc en termes juridiques, il y a prescription, néanmoins le parquet de Paris a ouvert immédiatement une enquête pour “viols et agressions sexuelles“ par une personne ayant autorité sur un mineur. Olivier Duhamel n’a pas démenti l’accusation et a indiqué le 4 janvier dernier sur son compte Twitter qu’en raison “d’attaques personnelles“, il démissionnait de toutes ses fonctions. Dans la presse désormais les langues se délient un peu et l’affaire se répercute sur ses proches.
L’ancienne ministre de la Justice Élisabeth Guigou a annoncé renoncer à présidence de la commission indépendante sur l’inceste tout en affirmant avoir “ignoré toutes ces années les faits gravissimes dénoncés par Camille Kouchner dans son livre“. Cette annonce fait suite à celle de Marc Guillaume, préfet d’Ile-de-France et également proche du constitutionnaliste, qui a démissionné des postes où il avait travaillé étroitement avec Duhamel, notamment à Sciences-Po, établissement plongé désormais dans la tourmente. Dans une tribune publiée mercredi 13 janvier dans Libération, plus de 500 étudiants, professeurs et salariés de Sciences-Po Paris ont ainsi demandé la démission du directeur de l’école, Frédéric Mion, au courant de ces accusations depuis 2019. La ministre Frédérique Vidal a annoncé ce jeudi qu’elle allait “saisir l’inspection générale“ pour lancer une enquête, “de façon à savoir comment les choses se sont passées“.
Autre conséquence de cette affaire, le philosophe Alain Finkielkraut a été congédié mardi de LCI, où l’intellectuel s’était élevé “contre un lynchage généralisé“ d’Olivier Duhamel tout en se demandant s’il n’y “avait pas eu consentement“. Des propos qui ont fait bondir les associations de défense des victimes d’inceste et de pédocriminalité. Depuis des années, ces dernières demandent à ce que les mineurs soient mieux protégés par la loi en matière de violences sexuelles. Pour cela, elles souhaitent notamment que soit établie une présomption de non-consentement en dessous d’un certain âge, à distinguer avec l’âge légal de la majorité sexuelle qui est de 15 ans. Dans son dernier avis rendu à la veille de la journée internationale des droits de l’enfant jeudi 19 novembre 2020, le Haut conseil à l’égalité estimait lui aussi que la législation actuelle est “insuffisamment claire et protectrice pour l’enfant“, et qu’il était “nécessaire“ de poser “clairement l’interdit de tout acte sexuel avec un enfant“, ainsi que d’inscrire dans la loi une “présomption de contrainte dès lors qu’un adulte commet un acte sexuel sur un enfant de moins de 13 ans“.
D’après les associations qui accompagnent les victimes d’incestes, les signalements depuis la publication du livre de Camille Kouchner sont de plus en plus nombreux. Un élan perceptible, dont elles espèrent désormais qu’il contribuera à briser pour de bon le tabou de l’inceste.
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Pas un événement important qui ne soit évoqué, expliqué et analysé dans C dans l’air. Tout au long de la semaine, les deux journalistes donnent les clés pour comprendre dans sa globalité un événement ou un sujet de première importance, en permettant aux téléspectateurs d’intervenir dans le débat ou de poser des questions par SMS ou Internet. Caroline Roux est aux commandes de l’émission du lundi au jeudi et Axel de Tarlé prend le relais le vendredi et le samedi.
Diffusion : tous les jours de la semaine à 17 h 45
Rediffusion : tous les jours de la semaine à 22 h 30
Format : 65 minutes
Présentation : Caroline Roux et Axel de Tarlé
Réalisation : Pascal Hendrick, Jean-François Verzele et Jacques Wehrlin
Production : France Télévisions/Maximal Productions