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Les Veillées dans un hameau près de Dikanka 1961 Вечера на хуторе близ Диканьки. 1961. Origine : . Genre : Fantastique La veille de Noël est particulièrement agitée dans ce hameau enneigé de l’Ukraine profonde. Les hommes du village s’apprêtent à sortir guincher, les jeunes préparent leurs koliadki (tradition dans laquelle ils chantent des cantiques sous les fenêtres des gens pour recevoir de la nourriture), Solokha la sorcière (Lioudmila Khitiaeva) vole dans la nuit sur son balai en attendant l’arrivée de ses divers courtisans et, plus original, le diable (Gueorgui Milliar) vole la lune pour empêcher le cosaque Chub de sortir, espérant ainsi empêcher le forgeron Vakoula (Youri Tavrov) de se rendre auprès d’Oksana (Lioudmila Myznikova), fille de Chub. C’est que le diable a développé une certaine animosité à l’égard de Vakoula, auteur pour la paroisse d’une peinture représentant le malin en vilaine posture, qui fait bien rire la populace. Mais bien plus que les vaines intrigues du diable, c’est Oksana elle-même qui va chagriner Vakoula. Prête à aller chanter ses koliadki avec ses amies, elle ne fait que peu de cas des sentiments de son courtisan. Par blague, elle le met au défi de lui apporter les souliers de la Tsarine, condition sine qua non pour que Vakoula puisse l’épouser. Les Veillées dans un hameau près de Dikanka, c’est un peu exagéré… En fait, le présent film n’est que l’adaptation de « La Nuit de Noël », une des nouvelles qui composent le recueil de Nikolai Gogol donnant son titre au film de Aleksandr Rou. Pour autant, cette nouvelle s’inscrit dans une profonde homogénéité au sein du livre, tout entier consacré à des histoires folkloriques de la petite Russie, là où Gogol naquit et grandit dans un milieu profondément religieux et toujours empreint de superstitions. Tel était le paysage de l’Ukraine de la première moitié du XIXème siècle, que l’auteur chercha à retranscrire dans ses Veillées. Un livre très marquant, et même quelque peu sous-estimé face à d’autres écrits de l’auteur, notamment ses nouvelles pétersbourgeoises, son roman Les Âmes mortes ou sa pièce de théâtre Le Revizor. Peut-être est-ce dû au côté minimaliste et rural du recueil, qui s’ouvre par une dimension très impersonnelle, un avant-propos fictif dans lequel le narrateur -un apiculteur de Dikanka- dit retranscrire les contes entendus dans sa localité. Gogol cherche alors à se faire oublier, faisant passer les contes avant ses propres ambitions artistiques, quand bien même Les Veillées se dotent d’un féroce sens de l’humour propre à l’auteur du Nez. Ces nouvelles sont en tout cas des supports parfaits pour des films : leur côté très populaire ne peut que ravir les producteurs, dont bien entendu les soviétiques. L’héritage de Gogol ne fut jamais véritablement remis en question durant la période soviétique, y compris sous Staline. En tant que film, Les Veillées dans un hameau près de Dikanka est fort loin d’épouser le réalisme socialiste, et on y trouve même le personnage de la Tsarine vu sous un angle généreux. En revanche, le côté slave est fort palpable, à la fois par la présence de la coutume des koliadki dans des célébrations de Noël - très différentes de l’occident-, par le comportement de ces paysans ukrainiens, par l’imagerie véhiculée et bien entendu par la virée à Saint-Pétersbourg. Comme film de Noël, adressé à des enfants mais loin de se limiter à ce seul public, Les Veillées… est d’une fraîcheur salutaire dans un créneau dominé par les enfantillages larmoyants. En un peu plus d’une heure, Rou expédie un scénario nullement linéaire, plein de sous-intrigues, et qui fait la part belle à un climat festif, imaginatif et onirique comme les pays slaves s’en sont fait une spécialité et que Gogol représente si bien (adapté du même recueil, Vij est un petit chef d’œuvre d’humour noir).
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